Enveloppe moi de ta présence ...
L’emmaillotement des nourrissons était une pratique quasiment universelle avant le 18ème siècle.
Celui ci était réalisé avec une longue bande d’étoffe nommée « maillot » qui maintenait les bras le long du corps et les jambes tendues dans le prolongement du tronc.
Quelque soit les cultures, cette technique se faisait dans un souci de protection tant physique que symbolique.
Décriée puis abandonnée, cette technique reste une pratique traditionnelle dans certains pays et recommence à être utilisée dans les pays occidentaux.
Que faut-il en penser ? Quel est son intérêt et ses inconvénients pour le nouveau né mais aussi pour l’enfant prématuré, au vu de certaines études réalisées sur le sujet?
Lors des procédures douloureuses :
Quelques études ont démontré que l’enveloppement utilisé, lors de gestes douloureux, pouvait avoir une action antalgique mais surtout si il était associé à d’autres pratiques comme la succion, l’allaitement, le patch d’emla, ou l’administration d’une solution sucrée par la bouche, entre autres…
Ce qui ressort également c’est que comparativement le Peau à Peau est un moyen beaucoup plus efficace, que l’enveloppement pour lutter contre la douleur.
Réduction du stress et des pleurs :
« L’utérus maternel fournit l’ébauche d’un contenant psychique ; il est vécu comme le sac qui maintient ensemble les fragments de conscience du début de la vie » (Anzieu)
La naissance engendre une perte de ses enveloppes utérines et une confrontation avec de nouvelles expériences sensorielles et gravitaires. N’ayant pas intégré ses propres limites corporelles, le nouveau né peut alors vivre ces expériences comme une source d’angoisses corporelles.
C’est ainsi que certains gestes, qui ne semblent à priori pas douloureux, peuvent occasionner du stress pour le bébé et encore plus chez le prématuré. Parmi ces gestes on peut retrouver la pesée, le bain, le change…
Chez l’enfant prématuré, il a largement été démontré que l’enveloppement pouvait permettre de réduire les signes de stress et les pleurs tout en soutenant ses propres capacités d’autorégulation.
Quand au nouveau né à terme, l’enveloppement diminue la durée des pleurs et encore mieux si il est associé à un bercement et à un stimulus sonore calmant.
Sommeil :
Que ce soit pour le nouveau né à terme ou l’enfant prématuré, les différentes études démontrent que l’enveloppement pouvait permettre une augmentation du temps de sommeil calme et une réduction du nombre de réveils spontanés (principalement dû au fait que la restriction des mouvements, en particulier les mouvements des bras, limitait la possibilité de réveils liés au réflexe de Moro.).
Toutefois, certaines études ont démontrés que les bébés emmaillotés sont réveillés plus facilement par un stimulus auditif que les bébés non emmaillotés.
Ce qui est important à souligner par contre et ce parce que la priorité en terme de sommeil reste la prévention de la MSIN (mort subite inexpliquée du nourrisson) c’est que cet enveloppement est associé avec une augmentation du risque de mort inattendue du nourrisson, surtout si le bébé est âgé de plus de 1 mois.
Il convient donc d’utiliser cet enveloppement d’une façon transitoire, et sous surveillance, seulement lors des pleurs excessifs de l’enfant afin de lui permettre de réguler ses états d’éveil.
Développement moteur :
Chez le prématuré, on utilise surtout un enveloppement non serré où les bras sont repliés permettant aux mains de se toucher et d’être libres et où le membres inférieurs sont également libres de tout mouvement. Cet enveloppement permet d’ améliorer le développement de sa motricité et d’augmenter sa capacité d’attention.
Chez le nouveau né à terme, un enveloppement trop fréquent peut entraver la liberté de ses mouvements et donc le développement de sa motricité spontanée. Comme disait M. Montessori « Le mouvement est un facteur indispensable à la construction de la conscience.»
Ce qui a également été démontré par différentes études c’est que le maintien des membres
inférieurs dans une position donnée, qui plus est en position d’extension, pouvait induire
une subluxation de la hanche.
En terme de développement, l’enveloppement devrait donc ne pas être trop serré, bras et jambes en flexion. C’est pour cette raison que je préfère utiliser l’expression « d’enveloppement » à celle « d’emmaillotement » qui fait référence à un maintien plus restrictif.
En Conclusion :
L’enveloppement offre certains avantages et permet aussi parfois, dans certaines circonstances de diminuer l’anxiété parentale face aux pleurs de leur tout petit.
Mais il ne devrait pas induire d’une façon trop importante une séparation parents-enfants car finalement le plus bel enveloppement pour votre enfant c’est VOUS.